La précarité dans la fonction publique, réalité méconnue de 860.000

Publié le par cgt Educ'action92

 
 
PARIS (AFP) - Techniciens ou ouvriers, employés de laboratoire ou de
bureau : tous agents de la fonction publique, ils sont 860.000 à
connaître la précarité des "contrats courts", un phénomène dénoncé avec
insistance par les syndicats à l'occasion du débat autour du contrat
première embauche (CPE).
 
Plus fragiles que leurs collègues fonctionnaires titulaires, parfois
indécelables - certains n'apparaissent pas dans les bilans comptables
-, ces contractuels en durée déterminée (CDD), auxiliaires, vacataires
ou stagiaires, forment une population hétérogène, souvent méconnue des
syndicats qui peinent à les encadrer.
 
Deux fédérations de fonctionnaires, CGT et FSU, ont pourtant récemment
alerté sur l'ampleur du phénomène, dressant un parallèle entre la
précarité du privé, dénoncée par les syndicats avec le CPE, et celle de
la fonction publique.
 
Dans un appel à manifester les 16 et 18 mars contre le CPE, la CGT
Fonctionnaires affirme que "l'enjeu du retrait du CPE concerne tous les
salariés, du public comme du privé", dénonçant "l'instauration dans la
fonction publique du PACTE, contrat en alternance réservé comme le CPE
aux jeunes de moins de 26 ans (...) et qui peut être aussi rompu à tout
moment par l'employeur et sans indemnités".
 
La FSU, premier syndicat de l'Education nationale, estime pour sa part
que "le CPE menace tous les jeunes de précarité" sur fond de "remise en
cause du statut dans la fonction publique".
 
Une précarité dont la Dares (institut de statistiques du ministère de
l'emploi) donne un aperçu dans une étude récente: sur 5,4 millions de
personnes employées dans le public, elle distingue "860.000 sous
contrat court".
 
La Dares note qu'"entre 1990 et 2002, la part d'emplois courts dans la
fonction publique s'est accrue de cinq points", soit 16% de l'emploi
global contre 12% dans le privé.
 
Souvent jeune, de sexe féminin et employé, nombre de ces personnels,
soumis à des contrats renouvelables, craignent de témoigner de leur
condition à visage découvert.
 
C'est le cas d'un docteur en biologie âgé d'une trentaine d'années
contacté par l'AFP qui a "travaillé trois ans en CDD dans un labo de
recherche" alors qu'il écrivait sa thèse, avant de "donner des cours
pendant un an".
 
Après, "j'ai enchaîné pas mal de contrats dans le public: un mois comme
ingénieur, trois mois dans un service de recherche, deux mois comme
chargé d'étude dans une collectivité territoriale, dix semaines en tant
qu'expert scientifique... le tout entrecoupé de périodes d'inactivité",
énumère le docteur, actuellement au chômage.
 
Jean-Michel, la quarantaine, technicien de la délégation générale pour
l'armement, raconte avoir commencé dans un centre d'essai pour missiles
avec un CDD d'un an. "On m'a renouvelé plusieurs fois avec des CDD de
deux ou trois ans pendant onze ans... Moi et mes collègues CDD, on
faisait le même boulot que les fonctionnaires, sauf qu'on était
précaire avec 300 euros de moins par mois", affirme Jean-Michel qui a
fini par obtenir un poste de fonctionnaire.
 
Vincent, archéologue, décrit lui ses "quinze ans de CDD" à l'Institut
national de recherches archéologiques préventives (INRAP). "Dans notre
établissement, un cinquième de l'effectif est précaire, avec des
contrats inférieurs à un mois. Pour 350 équivalents temps-plein
précaires, l'Inrap doit faire signer plus de 2.000 contrats et avenants
sur l'année, ce qui provoque pas mal de déperditions administratives",
explique-t-il.
 
L'archéologue affirme que les CDD ne sont pas comptés dans les bilans
sociaux de l'institut. "Officiellement, ils n'existent pas", conclut-il.

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